Université de Liège (Belgique), les 15-16-17 décembre 2014.
Trois grands thèmes seront abordés lors du congrès.
1. En matière d’Evolutions Sociales, la population vieillit, la prévalence des maladies chroniques augmente. De nouvelles configurations du monde du travail (emplois précaires et hyper-flexibles) ainsi que de nouvelles configurations familiales apparaissent. Ces évolutions constituent des défis pour les psychologues de la santé qui sont devant la nécessité de repenser leurs concepts et leurs méthodes d’intervention.
2. A cela s’ajoutent les constantes Innovations notamment médicales, de santé publique, mais aussi technologiques. Par exemple, prédire par la génétique ou par l’épidémiologie biopsychosociale, chez un individu sain, la possibilité de développer plus tard une affection grave pose des questions éthiques et stratégiques nouvelles. Etudier, au fur et à mesure de leur apparition, les conséquences psychologiques de ces avancées diagnostiques est essentiel car les difficultés engendrées peuvent être de divers ordres: retentissements individuels, psychologiques, conjugaux et sociaux, …
3. Et enfin en matière de Politiques de santé, les systèmes de soins de santé sont l’objet de divers enjeux : Quelle(s) place(s) les professionnels de la santé physique et mentale occupent-ils dans un tel paysage ? Comment concilier toutes les innovations (dossier médical informatisé, test génétique…) mises à la disposition des personnes pour gérer leur santé tout en leur permettant de conserver leurs identités ?
Ce congrès a pour objet
- de concourir au développement des études, des recherches, des formations et des pratiques en psychologie de la santé,
- de promouvoir la psychologie de la santé comme domaine de spécialisation de la psychologie,
- de contribuer à l’information, sur ses buts et spécificités, du public, des chercheurs, des enseignants-chercheurs, des étudiants, des professionnels de santé, des institutions, des collectivités territoriales et de leurs tutelles,
- de favoriser une approche pluridisciplinaire du domaine de la santé par la collaboration avec des représentants de disciplines et de professions connexes, ainsi qu’avec d’autres partenaires en Belgique, en France et à l’étranger.
Programme scientifique préliminaire
LUNDI 15 décembre
Séance plénière 14h-15h : Evolutions sociales en psychologie de la santé
- Prof. Marie Préau, Ph.D., Université Lumière Lyon 2, France
Quels enjeux du développement des recherches participatives ou communautaires, situées et démocratiquement ancrées
La place croissante octroyée aux personnes concernées dans les décisions médicales ou institutionnelles qui les concernent représente un phénomène que le champ de la recherche en santé ne peut ignorer. Qu’il s’agisse de la prévention ou de la prise en charge, l’implication des personnes et la reconnaissance de leur savoir profane représentent une opportunité et un gage de qualité dans la mise en œuvre de ces recherches. Les enjeux de cette participation ne sont cependant pas sans conséquence sur les méthodologies à développer, la posture des chercheurs ainsi que l’ensemble de la démarche à mettre en oeuvre. Étayé par des exemples de recherches communautaires interventionnelles ou non, internationales ou fondées sur des initiatives plus locales, l’objectif de cette intervention vise à expliciter et argumenter les enjeux théoriques et méthodologiques ainsi que l’intérêt de cette approche épistémologiquement située et qui peut constituer un volet significatif, coté recherche, du développement de ce que l’on nomme fréquemment la démocratie sanitaire.
MARDI 16 décembre
Séance plénière 14h-15h : Innovations en psychologie de la santé
- Prof. Philippe de Timary, Ph.D., Université Catholique de Louvain, Belgique
Quand l’intestin guide le cerveau : Rôle de l’inflammation, de la permeabilité et de la composition du microbiote intestinal en psychopathologie
La flore intestinale (microbiote) compte 10 fois plus de bactéries que ce qu’un organisme humain comporte de cellules humaines. Il existe par ailleurs une grande variabilité dans la composition de ce microbiote et certains genres ou certaines espèces semblent avoir un effet délétère sur la fonction barrière de l’intestin. L’augmentation de la perméabilité (en anglais leaky gut) , permet le passage de fragments bactériens qui induisent une réaction inflammatoire. L’altération du microbiote, par ses effets sur la production de métabolites intestinaux ou par l’altération de la barrière et de l’inflammation va induire des effets importants sur différentes fonctions de l’organisme. Les effets métaboliques de ces altérations sont actuellement bien connus (diabète, obésité, maladies cardiovasculaires). Par ailleurs, ces altérations intestinales pourraient également avoir des répercussions sur l’humeur ou le comportement. Dans cet exposé, nous évoquerons les mécanismes impliqués dans le développement de ces manifestations psychologiques et montrerons, en l’illustrant par des résultats expérimentaux obtenus chez les sujets atteints de dépendance à l’alcool en quoi ce continent inexploré que constitue le microbiote intestinal pourrait ouvrir des perspectives nouvelles en psychopathologie et en psychologie de la santé.
MERCREDI 17 décembre
Séance plénière 14h-15h : Politiques de santé
- Prof. Stan Maes, Ph.D., Université de Leiden, Pays-Bas
Le futur de la psychologie de la santé et la nouvelle loi sur les professions de la santé.
Beaucoup de psychologues sont très satisfaits que la nouvelle loi ait été votée récemment. Bien que la loi soit importante pour la reconnaissance de la psychologie, elle reste très vague et ne définit pas très bien les tâches ou le domaine de la psychologie de la santé. Dans cette présentation je comparerai d’abord la loi Belge aux lois d’autres pays Européens.
La loi protège à juste titre certains groupes, mais elle ne définit pas le domaine d’action des professionnels de la santé, quoique le futur de la psychologie de la santé en dépende. Par exemple, quel est le rôle du psychologue en terme de prévention, de dépistage, d’information des patients et de leurs proches au cours de la maladie, de promotion de la santé au travail, d’aspects culturels et sociaux de la santé, d’interventions via internet, d’interventions qui ciblent des comportements de santé et non pas le bien-être du patient, d’interventions pour les proches du patient etc. Dans cette présentation, j’essaierai de définir le domaine potentiel de la psychologie de la santé en Belgique en tenant compte des évolutions dans d’autres pays. Je crois que mieux délimiter le territoire du psychologue de la santé, pourrait avoir au moins des conséquences pour la formation de psychologues de santé.